KTM Rally Romania 2025

Du Gaz!

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Le voyage en chiffres

Saison 8

Episode III

Introduction

À peine l’arrivée du rallye portugais franchie, mes pensées filaient déjà vers l’édition 2025. L'épreuve 2025 se nichera au cœur de la Roumanie, dans la région de Sibiu. Conscient du nombre restreint de places offertes, je scellais mon inscription dès la fin novembre 2024. Un acte solennel qui lançait un compte à rebours vers cette nouvelle odyssée.

Bruno Vincent Si les pistes portugaises avaient opposé une belle résistance — et le résumé sur YouTube en garde la trace éloquente — l’épreuve roumaine se dessine dans mon esprit comme une fresque grandiose, tissée d’efforts héroïques, d’émotions brutes et de paysages à couper le souffle. Le calendrier s’étire et, avec lui, cette aventure se profile telle un phare sur ma ligne d’horizon. Comme une évidence, Vincent se joindra à moi, fidèle comme il le fut lors de notre périple albanais. Sa présence dépasse celle d’un coéquipier : il est l’ami, le frère d’armes, le confident des failles et des exaltations. Ensemble, en moto, nous avons affronté tracasseries et éclaircies, bivouacs austères et joies simples. Son arrivée annonce toujours une route plus douce. L’alchimie forgée dans la poussière albanaise promet de se raviver sur les pistes roumaines : chacun connaît les forces de l’autre, les fragilités à protéger, les mots qui rallument le courage aux heures sombres.

Début avril, en guise de préparation comme l’an passé, Vincent et moi suivons un stage de remise en condition avec Vincent Biau (alias Petokask), histoire d’affûter nos armes. Sur le terrain de moto cross d'Hermonville, non loin de Reims, nous lançons notre entraînement : pilotage de précision, exercices d'agilité, virages serrés ... Le sol, tantôt dur, tantôt meuble, impose respect et vigilance, façonnant nos réflexes. Entre buttes abruptes et courbes piégeuses, nous apprenons à anticiper, ressentir, dompter peur et excitation. Peu à peu, le pilote hésitant cède la place à un pilote aguerri, façonné par la répétition, la sueur et, parfois, la douleur.

Avant le grand départ, la révision des motos devient un ballet méthodique, un rituel rassurant. L’esprit fuit déjà vers les sommets roumains. Nos motos sont affûtées comme des katanas. Nos pneus sont prêts à mordre rocaille et boue, à affronter un terrain semé d’embûches et de pièges insoupçonnés. La préparation est un art autant qu’une science : anticiper le chaos, mais aussi accueillir l’imprévu.

J-5 : le compte à rebours est enclenché. L’inventaire défile dans ma tête, l’excitation monte. Vincent m’envoie déjà des messages, partage ses préparatifs, ses choix. Les préparatifs ont leur propre beauté : ce moment où tout est encore possible, où la route s’ouvre comme un horizon vierge, où tout reste à écrire.

H-24 : à l’heure où la lumière décline, je me surprends à rêver des paysages roumains. Les Carpates en sentinelles, les prairies infinies, les villages aux toits colorés, les forêts énigmatiques où le vent vient chuchoter des mystères. J’imagine déjà les heures de lutte, la poussière collée à la peau, la boue qui alourdit chaque geste, et la joie de se dépasser. Mon fil rouge : l’adage « I will, I do - end of the story ».

Le Rallye KTM Roumanie 2025 n’est pas qu’une épreuve : c’est un voyage intérieur, un dialogue entre toi et la moto, une aventure qui s’écrit directement sur la piste.

Le voyage

À sept heures précises, le Luxembourg s’effaçe derrière nous, encore plongé dans sa fraîcheur feutrée matinale et encore un peu assoupie. Notre route, telle un ruban gris, s’étire devant nous vers le sud-est jusqu’à Vienne. L’Allemagne s’ouvre à nous dans une succession de paysages variés.

Pour cette journée de transition, Vincent assure le service de chauffeur dans son carrosse tout neuf. À bord, c’est Byzance! Une orgie de technologie décore le tableau de bord, comme cet écran long comme mon bras qui affiche des informations à foison; un univers capable de faire « crawler » un geek dans le bonheur. Je profite de ce confort inouï et du silence digne d’une voiture de maître pour me reposer. La route se ponctue, par instants, d’un rapide répit dans une stations-service, pour ravitailler notre carrosse et nous permettre d’engloutir un café ou un encas.

L’Allemagne une fois engloutie par notre ogre de la route, la frontière autrichienne se dessine presque imperceptiblement devant nous. Le ciel d’un bleu limpide, nous accueille, et la lumière cuivrée du soir caresse sans fin ces doux paysages vallonnés. Pour nos motos, c’est aussi le frisson du retour sur leurs terres natales.

L’arrivée à l’hôtel se fait dans la sérénité d’une étape sans accrocs, portée par le confort et la maîtrise d’un pilote attentif. Derrière nous, notre attelage, fidèle compagnon, a suivi sans faillir. Demain, une dernière étape nous conduira vers Sibiu.

Dans un dernier adieu bienveillant, nous laissons Vienne derrière nous sous un ciel d’un azur éclatant. La Hongrie s’ouvre bientôt devant nous : longue plaine monotone, infinie respiration de terres brûlées où les tournesols figés sur leurs tiges, portent leurs visages noircis au charbon. Le maïs jauni craque sous un soleil implacable. Puis, la route bascule vers la Roumanie.  A l’approche de Sibiu, le paysage se relève, se plisse en collines d’un vert plus généreux et, au loin, comme un aimant, se dessine notre futur terrain de jeu. L’excitation enfle.

Arrivée à Sibiu : c’est le rituel des arrivées — déposer les motos, garer la remorque, s’enregistrer, vider les bagages, retrouver les camarades de jeu de l’an dernier, ressentir l’esprit de la famille « orange ». La journée se scelle enfin autour d’une bonne table, où un vin élégant (1000 de Chipuri – 2021) vient marquer la fin d’une étape et annoncer le prochain chapitre de ce voyage.

03) 25.08.2025 - Sibiu - Repos

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Ma moto étant prête, je profite de cette journée de repos pour entreprendre une rapide visite de la ville. Sibiu et ses ruelles pavées qui serpentent entre des façades pastel aux lignes rigoureuses témoignent d’une rigueur architecturale héritée des Saxons. Mais ce sont ses toits, surtout, qui captivent — percés d’étranges lucarnes en amande, semblables à des yeux mi-clos. On marche dans Sibiu avec la sensation d’être observé en silence, d’être lu ou deviné. C’est une ville qui ne se contente pas d’être belle : elle vous murmure que l’élégance peut être une forme de vigilance.

La douceur de cette fin d’après-midi s’attardait lorsque nous avons immortalisé l’instant par la traditionnelle photo de groupe. Un rituel immuable, presque solennel, qui marque le passage du jour vers la soirée.

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Celle-ci s’ouvrit sur la présentation des invités d’honneur. Cette année, le destin avait placé sur notre route deux figures légendaires du rallye tout-terrain : Daniel Sanders, vainqueur du mythique Dakar en 2025, et Canet, triomphateur en catégorie Rally 2. Pour les non-initiés, ces noms résonnent peut-être comme de simples quidams, mais pour les passionnés de moto, ils incarnent des icônes (champions du monde). Des visages que l’on aperçoit ordinairement à travers l’écran d’une télévision ou figés dans l’éclat glacé des pages des magazines. Un autre aspect s’imposait avec la force de l’évidence : la connivence subtile unissant les pilotes à Michael Wagner-Meingassner "le boss" et révélait avec éclat la frontière ténue qui sépare un bon « team » de ces relations d’une intensité presque fusionnelle.

Lorsque Sanders prit la parole, le silence se fit dense, presque palpable. Ses mots, dénués d’artifice, portaient une sincérité rare. Il parlait avec cette simplicité désarmante qui rapproche les hommes, avec cette accessibilité qui efface les distances, et avec cette intensité émotionnelle qui laisse une empreinte durable. Son récit sur l’art délicat de la navigation en rallye fut un moment suspendu : il y dévoilait, sans détour, la vulnérabilité de l’homme face à l’immensité du désert et à l’implacable exigence de la course. La grandeur de l’homme est aussi dans l’intelligence et l’autodérision, notamment l’origine de son surnom “Chucky”, moment désopilant.

Au terme de la soirée, le décor des jours à venir est désormais planté. Tout est en place, et je m’apprête à m’endormir, le cœur émerveillé, avec juste ce qu’il faut de tension pour être prêt à plonger dans l’aventure. Mais c’était sans compter l’imprévu : une rage de dents implacable, qui me saisit au milieu de la nuit et ne me lâche plus jusqu’à l’aube. Impossible de retrouver le sommeil, il ne reste qu’à attendre, dans le silence de la nuit, la matinée.

Au lieu de me lancer sur ces routes poussiéreuses, ma quête improbable est de trouver un dentiste — l’occupation rêvée, bien sûr, lorsque l’on est en vacances… Mon temps étant englouti par cette mission, je cède ma place à Vincent, dans le groupe 3 des “barés”, pour la sortie du matin. Après le courage des soins, vient l’épreuve d’acheter des antibiotiques. En Roumanie, cela relève presque du parcours du combattant, car il faut fournir le numéro d’identification d’une carte d’identité roumaine, ce qui est assez compliqué pour un étranger. La pharmacienne a utilisé ses coordonnées personnelles pour sortir de cet imbroglio. Une fois cet épisode à la fois burlesque et agaçant derrière moi, je file directement au déjeuner.

Le restaurant est un enchantement, la gastronomie un tableau de saveurs et de couleurs. J’attends Vincent, qui revient fourbu d’une matinée que tout le monde décrit comme épique. L’unanimité est faite : la « piste facile » avait, en réalité, des accents de furieusement compliqués.

Bruno À peine remis — ou du moins en partie — de mes aventures médicales, Vincent et moi décidons de parcourir la piste de la fin de journée, en binôme, avant de regagner l’hôtel. La navigation, entre champs et forêts, sur un réseau de sentiers qui s’entrecroisent à l’infini, se révèle un moment intense. Pour une reprise, je trouve que je me sors honorablement de l’exercice. Le défi est réel : peu de concurrents nous ont précédés, la piste est à peine marquée, et aucun camarade en vue pour donner un cap. Seul dans les bois, il faut compter sur soi-même… et les mots de Sanders, entendus la veille, me reviennent en mémoire comme un fil conducteur : “Si la prochaine balise (bifurcation) n’a pas de sens, alors fais demi-tour jusqu’à la dernière que tu as validée.”

Nous arrivons à l’hôtel heureux. La fin de journée reprend son rituel : contrôle de la moto, douche, repos et atelier d’écriture. Demain, nous prendrons de l’altitude pour dormir à la station de ski de Rânca.

05) 28.08.2025 - Rally Day 2

to be completed

05) 29.08.2025 - Rally Day 3

to be completed

Le matin est consacré au chargement des bagages, tel un navire prêt à lever l’ancre. Les adieux s’égrènent, serrés ou fugaces, avant que mes roues ne se tournent résolument vers l’ouest. Les contreforts à l’ouest de Sibiu franchis, la route se déploie soudain sur une plaine interminable, si plate qu’elle en devient vertigineuse : le grenier de la Roumanie, aux champs gorgés de blé et de maïs, s'étirent jusqu'à l'horizon.

Le soleil y cogne avec une intensité insolente : trente-six degrés. Un vent rageur, cependant, fouette l’air comme pour brasser cette fournaise et la rendre respirable. Toni, fidèle monture, fend la bise sans faiblir, révélant des ressources insoupçonnées.

L’autoroute file droit puis s’interrompt soudain, remplacée par une nationale qui rompt le rythme lancinant avant de céder la place à une nouvelle section asphaltée qui mène à Timișoara. Mes passages, ces dernières années, révèlent à chaque fois un tronçon supplémentaire s'ajoute; peut-être, dans dix ans, cette longue ligne de bitume sera-t-elle enfin achevée.

Immergé dans cette plaine qui s’étend jusqu’en Serbie, le contraste avec le sud de la Transylvanie se creuse. La frontière serbo-roumaine est franchie comme un simple trait de crayon sur une carte. Une fois en Serbie, les maisons sont basses, carrées, coiffées de toits à deux pentes ; elles rappellent certaines demeures vendéennes. La plaine s’étend comme un drap tendu. Les habitants, nombreux à vélo, donnent au paysage un parfum de Pays-Bas — mais sans la densité urbaine. Les champs dominent ; les routes, y sont tracées au cordeau par un urbaniste armé de règle et d’équerre, coupent l’horizon en lignes droites « à la serbe ». Une quiétude palpable émane de ces lieux : reposante, presque suspendue. De ce côté de la frontière, les cultures, toujours agricoles, glissent subtilement vers l’exploitation fruitière et vinicole.

Les forges de Belzébuth continuent d’attiser un air de plus en plus sec. Depuis l’aube, j’ai absorbé près de quatre litres d’eau — et aussitôt transpirés !

La halte du soir se fera à Subotica. Le confort de l’hôtel est le bienvenu : la chambre, vaste et climatisée, devient un refuge égoïstement savouré pour une nuit réparatrice. Demain, une grande étape m’attend vers la Slovénie. On annonce la pluie, et aucun itinéraire optimal ne se dessine encore. La nuit, comme toujours, portera conseil.

Je quitte mon cocon, l’hôtel Artist, havre de quiétude et de création. Il porte son nom comme une promesse tenue : chaque mur, chaque recoin respire l’art. Tableaux, sculptures, installations discrètes ou audacieuses, tout ici semble dialoguer avec l’expression artistique. Le petit déjeuner, sans faste inutile, célèbre l’essentiel : des produits du terroir, des saveurs locales, une sincérité gourmande.

Je prends la route vers la frontière croate, avec la traversée du Danube comme objectif. À Batina, le fleuve est déjà majestueux, imposant sa présence comme une frontière naturelle entre les deux pays. Les barges glissent sur ses eaux, témoins d’un commerce actif et toujours en mouvement.

Le dilemme du jour est météorologique : le ciel est limpide jusqu’à la frontière croate, et je tergiverse sur l’itinéraire à suivre. Mais bientôt, la pluie s’invite, d’abord timide, puis franche et drue lorsque je m’engage sur l’autoroute vers Osijek, jusqu’à Stružani, où elle devient intense, une véritable compagne de route! À l’approche de Zagreb, le ciel se fait enfin plus clément.

La plaine qui s’étend vers la capitale tranche avec celle du Danube : ici, le vert domine, éclatant, généreux. Les tournesols dressent encore leurs têtes dorées, là où, plus à l’est, ils sont noircis par le soleil. Le maïs, le blé, eux aussi, semblent respirer encore, les moissons n’ayant pas encore été entamées. La transition est saisissante, presque brutale, entre l’influence adriatique et le souffle continental de la plaine du Danube.

La météo s’adoucit, et, fort de mes kilomètres avalés, j’envisage une arrivée par le nord, à Laško, pour y passer la nuit. L’idée de quelques lacets de montagne me séduit, une once de distraction. Mais les nuages s’amoncellent, menaçants, et je me ravise. Une hésitation inutile, car la route directe m’offre une douche magistrale, puis une immersion totale qui ressemble au rituel d’un baptême orthodoxe.

Malgré ces ablutions involontaires, la montée vers Laško se révèle être un enchantement, même sous cette météo exécrable. Châteaux, églises perchées comme des vigies, rivières bordées de falaises, ponts de pierre ancestraux : un florilège de merveilles qui atteste que la Slovénie sait séduire.

Ce soir, je dormirai à Laško, comme prévu, et je dînerai chez Pavus, une halte gastronomique préméditée.


Conseils & Recommandations

Toutes les recommandations ci-dessous sont des références non-sponsorisées

 Les routes immanquables

 Les très bonnes adresses

Se loger / Se restaurer

 Lieux immanquables

 Document(s)


Tableaux de bord

Ces tableaux de bord visent, d'une part, à répertorier les vitesses moyennes indicatives et, d'autre part, à connaître la consommation de carburant. La consommation de carburant permet de calculer l'empreinte carbone du voyage et de compenser cette dernière. La compensation se fait via des programmes de reforestation. Cette solution est, certes, imparfaite mais c'est un acte concret qui permet d'être conscient des enjeux climatiques et de modestement contribuer à minimiser son impact quand on voyage.

Tableau kilomètres journalier

Date Kilomètres roulés Temps (Départ/Arrivée) Commentaire
23.08.2025 935 12h08 07h03 Départ du Luxembourg - stop à Vienne (AT)
24.08.2025 810 9h10 Arrivée à Sibiu et fin du trajet en voiture

Tableau consommation carburant

Date Index kilomètrique Litres de carburant acheté Coût € Commentaire
23.08.2025 34,67l 50,51€ LU - Départ en voiture avec remorque
23.08.2025 27,55l 43,50€ DE
24.08.2025 43,74l 70,51€ (27902 FL) H
24.08.2025 31,30l 47,49€ (240,07 LEI) RO - Voiture
25.08.2025 14.605 10l 16,30€ (82 LEI) RO - Moto - SP100
27.08.2025 14.753 11,84l 17,60€ (88,68 LEI)
28.08.2025 14.973 11,30l 17,75€ (90,06 LEI)
29.08.2025 15.194 12,14l 20,31€ (103,06 LEI) SP100
29.08.2025 15.470 15,99l 26,33€ (3085,1) SRB
30.08.2025 15.685 11,81l 18,07€ HR
30.08.2025 15.918 15,31l 25,40€ SLO SP100
31.08.2025 16.201 15,35l 28,55€ HR SP100

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